La compréhension de la structure fondamentale de la personnalité peut être constructive et même de nature à transformer. Et après ? Nous efforcerons-nous alors d'être le meilleur type 2, 4, 6, 8 ou que nous pouvons être ? Bien que l'Ennéagramme soit un excellent outil de diagnostic, il n'est pas conçu pour provoquer avec succès des changements souhaitables en nous. Nous pouvons être intimement familiers avec nos travers et mauvaises habitudes, mais l'expérience nous dit que la conscience seule ne se traduit pas automatiquement par la "transcendance" ou le "lâcher prise" de ces schémas de comportements. Tous nos schémas habituels, même ceux basés sur les aspects les plus élevés de notre personnalité ont été des choix. Indépendamment de quand ou pourquoi nous les avons adoptés, ou du fait que ces choix étaient bons ou mauvais, nous en avons usé et abusé. Comme un disque rayé, nous nous référons souvent à nos stratégies préférées, même quand les circonstances changent. Par exemple, un 1 perfectionniste, dont la force est d'être diligent et de travailler de façon organisée, peut être déboussolé et en colère si des règles pourtant hors de propos ne sont pas suivies. Le même Perfectionniste peut avoir des difficultés avec quelqu'un qui fait un excellent travail, mais d'une façon plus spontanée ou en étant guidé par des considérations émotionnelles. Une prise de conscience à elle seule ne nous permet pas de changer ces schémas. Nous pouvons vivre dans la frustration et la conscience de l'un de ces schémas et au lieu de le traiter directement, nous le contrebalançons ailleurs. Il est vrai cependant, que même si nous possédons potentiellement en nous toutes les qualités humaines, elles se situent à différents degrés de développement et ne sont pas toutes accessibles de façon égale. Nous pourrions dire que tous les conflits et les défis peuvent avoir des solutions, mais la meilleure façon de les aborder sommeille peut-être en nous. Au-delà de la conscience, du désir et de la volonté, nous avons besoin d'une technique pour accéder à tous les dons, aux vertus et aux expériences plus grandes que nous pensions être réservées au royaume des autres types. Cela nous donnerait la possibilité de naviguer à partir d'un spectre plus large de schémas de comportements et de répondre aux situations de la vie par des actions plus appropriées. Comment pouvons-nous faire cela ? La première étape est d'interrompre le flux habituel de réponses et de nous centrer davantage sur le moment présent. Ceci peut être accompli en se reconnectant à notre corps et par des exercices somatiques. Cela présenterait un aspect différent de la situation et enlèverait temporairement la lorgnette par laquelle nous avons l'habitude de voir le monde, permettant ainsi l'émergence d'un état d'esprit plus objectif. SomatiqueLe terme "Somatique", inventé par Thomas Hannah dans les années 1970, se réfère à quelque chose qui englobe l'intégralité d'une personne : le corps, l'intellect et l'esprit. La Somatique pense que l'authentique sagesse du corps aide à générer une qualité de vie élevée et souligne qu'être totalement présent dans son corps est essentiel pour être véritablement vivant. La connexion Corps/EspritNous savons tous qu'il y a un lien entre nos pensées, nos émotions et notre corps - notre posture, comment nous nous tenons, notre gestuelle et comment nous nous déplaçons dans l'espace. Quand nous sommes excités et de bonne humeur, notre énergie est légère et notre mouvement est davantage orienté vers le haut. Quand nous sommes déprimés et avons le moral à zéro, notre énergie est lourde et nous nous déplaçons comme si nous étions aspirés par une force qui vient du bas. L'inverse est vrai également : la façon dont nous nous déplaçons influence nos pensées et sentiments. Comme le disait Roberto Assagioli, un des maîtres de la psychologie moderne, dans La volonté libératrice : "Les attitudes, les mouvements et les actions tendent à susciter des images et des idées correspondantes ; et celles-ci, à leur tour, suscitent ou intensifient des émotions et des sentiments correspondants." Et le Docteur Alexandre Lowen, dans La Bio-énergie : la thérapie révolutionnaire qui emploie le langage du corps pour guérir l'esprit, de dire : "Des études ont fortement confirmé mon sentiment que l'on pouvait influencer ses attitudes mentales en travaillant avec le corps." En travaillant sur ces concepts pendant des années, j'ai remarqué que les principes suivants s'appliquaient dans le temps encore et encore :
Espace, Temps et ForcePour comparer efficacement les styles de mouvement aux états intérieurs, il est nécessaire de se familiariser avec les bases "du langage du mouvement". Voici les termes de base décrivant les mouvements et les corrélations entre l'être, le mouvement et le comportement :
Pendant 25 ans en tant que danseuse, chorégraphe et directeur artistique de ma propre compagnie de danse, j'ai dirigé beaucoup de chorégraphies centrées sur les sentiments et le relationnel. J'ai découvert que si je demandais à mes danseurs de se déplacer comme s'ils étaient heureux, tristes ou en colère, etc., ils mimaient ces sentiments et leurs mouvements étaient superficiels et pas intéressants. Quand, en revanche, j'ai traduit les sentiments que je souhaitais qu'ils expriment au travers des concepts de mouvement espace, temps et force, quelque chose d'authentique a commencé à émerger.
Il y a différentes combinaisons des concepts espace, temps et force aboutissant à d'innombrables qualités de mouvements ou de verbes d'action (voir tableau ci-dessus). Chaque action a son état intérieur et son état d'esprit correspondants. Par exemple, se déplacer en flottant (par un mouvement indirect, lent et léger) aboutit à un état de relaxation et de paix dans lequel chacun agit en douceur, est moins rigide (moins enclin à se conformer aux règles ?!) et qui peut même inciter à planer. La torsion (mouvement indirect, lent et ferme) peut inciter vos sourcils à se froncer et s'accompagner de la prise de conscience de votre colère. Les coups de couteau ou les coups de poings (mouvement direct, rapide et ferme) accompagnent un état d'agressivité ou de colère intérieure. En travaillant avec des danseurs, j'ai appliqué ce processus avec des résultats satisfaisants. Par exemple, si je voulais qu'ils expriment la colère, je gagnais beaucoup de temps en leur demandant de se déplacer de façon directe (angulaire), rapide et puissante. Leurs mouvements commençaient à ressembler à de la colère et ensuite, ils m'ont confirmé que se déplacer selon mes instructions leur avait non seulement rappelé des souvenirs de colère, mais en réalité les avaient mis en colère. Le même type de résultats tangibles s'est produit en exprimant de la joie, de la générosité, de la prévenance, etc., par le seul mouvement. Procédé kinesthésico-émotionnelQuand j'ai découvert pour la première fois les descriptions des différents types de Ennéagramme, chacun avec ses mécanismes de pensée, d'émotions et de comportements, j'ai su que chaque type de personnalité aurait tendance à s'exprimer en utilisant son langage corporel et sa gestuelle propres et que chacun de ces types pourrait être décrit par le mouvement. Pour certains d'entre nous, il est étonnamment difficile de savoir comment fonctionne son propre type. C'est encore plus difficile de savoir ce qui fait fonctionner un autre type. Nous ne pouvons jamais vraiment connaître les processus des autres si nous les jugeons selon les paramètres de notre modèle du monde. Au mieux nous pouvons observer leurs comportements et imaginer quelle motivation se cache derrière. Un moyen puissant "de pénétrer à l'intérieur" et d'avoir une idée des pensées et émotions des autres est d'adopter leurs comportements en les traduisant par le mouvement. Sans être une réplique exacte de ce que les autres ressentent, cela peut fournir une image beaucoup plus juste que la seule spéculation intellectuelle. Ce type de procédé développe une conscience kinesthésique de :
Cette sorte de conscience kinesthésique est acquise en établissant "des chemins neuronaux" et en développant une "mémoire musculaire" des divers états émotionnels. Les chemins neuronauxCette théorie est basée sur l'existence d'un système d'information complexe mais direct situé à l'intérieur du corps. Le corps est plein de systèmes qui transportent des messages et transmettent de l'information. Ces systèmes sont composés de nerfs, de neurones, de peptides neuronaux, de molécules, de récepteurs, de pherons, de membranes, de muscles et du tissu conjonctif qui forment ensemble le système dit des "chemins neuronaux". Quand vous touchez un poêle chaud, un message va de votre doigt, à un nerf, à un muscle, à une synapse qui innerve ou informe un muscle, aux peptides neuronaux, à un autre nerf, à un autre muscle et enfin à votre cerveau qui interprète la sensation comme "CHAUD". Le cerveau envoie alors le message "Enlevez votre main ou vous allez vous brûler" dans la direction inverse, le long de ce même chemin neuronal, aux nerfs, aux peptides neuronaux, aux synapses, mettant en action les muscles qui font que la main se rétracte. Tout cela arrive si rapidement que cela semble instantané. Notre corps est intelligent et il a appris et retenu des milliers, peut-être des millions ou même des milliards, de chemins neuronaux. Tout acte accompli, toute émotion ressentie, toute pensée s'est révélé au travers d'un chemin neuronal, parfois bien établi, parfois créé de toutes pièces. Comme pour toute forme d'apprentissage, les chemins fréquemment employés sont beaucoup plus développés que ceux qui ne le sont pas. Prenez les chemins neuronaux pour saisir une tasse et en boire le contenu. Ce chemin n'était pas bien développé quand nous étions enfants et il a fallu en renverser du lait avant de maîtriser la technique ! Aujourd'hui nous pouvons saisir une tasse, boire sans renverser une goutte, lire le journal et avoir une conversation tout à la fois. La répétition est la clef de toute tâche exécutée avec succès. Le même concept s'applique à nos pensées et émotions. Tout ce que nous appelons une "habitude" est par définition quelque chose que nous faisons souvent et que nous avons longuement pratiqué. Nos habitudes mentales et émotionnelles appartiennent à la même catégorie. Si vous êtes enclins aux explosions de colère, cela signifie que vous ressentez souvent de la colère, que la colère est aisément accessible, qu'elle est en surface et peut facilement être exprimée. De même, un schéma de comportement que nous n'adoptons pas n'aura pas de chemin neuronal développé. Par exemple, quelqu'un qui n'a pas confiance en lui manque fort probablement du chemin direct pour exprimer la confiance. Nous devons garder à l'esprit que les messages voyagent à travers des chemins neuronaux dans les deux directions, de l'intérieur vers l'extérieur (ex. : le fait d'avoir une certaine pensée ou sentiment feront que vous vous déplacerez d'une certaine façon) et de l'extérieur vers l'intérieur (ex. : vous déplacer d'une certaine façon fera que vous sentirez ou penserez d'une certaine manière). En combinant ce principe avec l'intelligence du corps, nous savons que nous pouvons entraîner et développer toutes sortes de chemins neuronaux et nous entraîner dans n'importe quel domaine, y compris comment accéder à des émotions et des pensées, même celles qui nous sont restées étrangères. Armé de ce savoir et de cette aptitude, nous ne sommes pas cantonnés à nos réponses habituelles mais nous pouvons adapter nos actions à chaque situation. Bonnes et mauvaises habitudes.Comme mentionné auparavant, les graines de toutes les vertus et de tous les vices sont en chacun de nous. Nous avons à la fois le potentiel pour être un criminel et un saint. Ce que nous devenons est une question de développement, de valeurs, de choix, de volonté et de désir. Si vous voulez, par exemple, développer la confiance en soi, vous pourriez d'abord en faire l'expérience en vous déplaçant de la façon dont une personne confiante le fait : vous tenir les pieds plantés fermement sur le sol, ressentir une solide connexion de vos pieds jusqu'à vos hanches, bien rentrer vos muscles abdominaux, sentir vos bras fermement soudés à votre dos et vos épaules et remplir amplement vos poumons d'air à chaque respiration. En conservant cette position physique, déplacez-vous d'une façon délibérée, calme. Cet exercice peut paraître bizarre de prime abord, mais avec la répétition, qui installe le chemin neuronal, cela devient plus facile et finalement même familier. Ensuite, quand vous aurez besoin de vous rappeler le sentiment de confiance en soi, vous serez capable de positionner votre corps de façon appropriée, le chemin neuronal sera activé, l'état interne va apparaître et vous allez en fait vous sentir sûr de vous.
Travailler avec les
problèmes propres aux types de l'Ennéagramme
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