EnneaMotion^SM Articles
Changer par le mouvement

Si nous explorons la connexion entre le corps, la pensée et l'esprit, nous découvrons que notre état mental et émotionnel nous influence physiquement et vice versa. Observez simplement votre langage corporel quand vous êtes en forme ; votre corps vous semble léger et votre niveau d'énergie est élevé. Quand vous êtes déprimé, vous vous sentez lourd et votre niveau d'énergie est bas. Quand vous vous sentez vulnérable, vos épaules se courbent vers l'avant et vos bras se croisent devant votre corps pour fournir une protection. Et cætera.

Plusieurs traditions ont utilisé cette connexion et créé un chemin alternatif ou supplémentaire pour devenir Un avec soi, avec Dieu ou avec un état plus élevé de conscience. Notre corps est utilisé comme un pont entre notre existence quotidienne conditionnée et un monde plus élevé associé à la spiritualité. Des traditions comme le yoga, le t'ai chi, le chi gong et l'aïkido sont appréciées pour leur extrême efficacité en ce domaine.

L'Ennéagramme décrit avec pertinence les neuf structures qui sont à l'origine des différents types de personnalité. Mais connaître notre motivation psychologique intérieure ne nous aide pas automatiquement à résoudre un problème concret, ni n'améliore notre spiritualité. Nous savons tous ce que nous "devrions" ou "pourrions" faire pour progresser mais notre but nous semble si lointain qu'il nous arrive d'être découragé et de renoncer.

Et s'il était étonnamment facile de sortir d'une situation difficile ?

Lors d'une récente conversation téléphonique avec une amie 4, j'ai eu l'occasion de tester l'efficacité d'EnneaMotion^SM (ou Transformation par le Mouvement^SM). Elle sortait d'une récente séparation et manifestait plusieurs des symptômes "classiques" du 4 : peur d'être seule (alors qu'elle a organisé sa vie de façon à vivre seule et à travailler seule chez elle !), peur de ne pas avoir assez de temps pour des projets créatifs, difficulté à se motiver, peur de ne pas avoir d'identité, de ne pas arriver à se comprendre, de ne pas être comprise, de ne pas exister. Lors de notre conversation, cela faisait déjà plusieurs jours qu'elle mijotait dans cet état sans réussir à en sortir et elle demandait de l'aide.

Je lui ai demandé de me décrire en détail ce qui se produisait quand surgissaient ces émotions négatives. Elle m'a dit qu'elle se sentait agitée, faisait les cent pas, se tordait les mains et marmonnait.

C'est tout ce dont nous avons besoin pour commencer un exercice d'EnneaMotion^SM. Nous avons commencé à analyser la nature de ses mouvements : l'espace (direct ou indirect), le tempo (rapide ou lent) et la force (fort ou faible). Je lui ai alors demandé de faire les cent pas, de se tordre les mains et de marmonner en se concentrant sur la nature du mouvement : indirect avec force et agitation. Elle devait répéter ce qu'elle faisait en exagérant peu à peu chaque geste.

Nos habitudes sont devenues des habitudes parce que nous les répétons si souvent qu'il est rare de s'apercevoir que nous les pratiquons. Cela peut être difficile de simplement réaliser que nous nous engageons dans une de nos habitudes. La répétition et l'exagération sont d'excellents outils pour nous aider à les remarquer. Cela marche émotionnellement : nous pouvons ne pas savoir que nous sommes énervés ; pourtant quand nous nous mettons en colère de façon inappropriée après la mauvaise personne (exagération), nous réalisons que nous avons été furieux toute la journée. C'est tout aussi vrai physiquement. Nous pouvons ne pas savoir pour quelle raison nous nous tordons les mains (et nous nous tordons émotionnellement à l'intérieur de nous) mais si nous exagérons le mouvement, nous commençons à réaliser quel est notre ressenti et de quel état il s'agit.

Revenons à mon amie 4. Après qu'elle ait expérimenté l'exagération des mouvements, je lui ai demandé de simplement noter comment elle se sentait. Elle a commencé à développer une compréhension plus objective de cet état.

L'étape suivante a été de faire progressivement les mouvements opposés. Par exemple, au lieu de tordre ses mains (mouvement lent, fort, lié et serré), elle a écarté et ouvert ses doigts, tourné les paumes vers le haut et vers l'extérieur, détendu ses poignets et étendu les bras vers l'extérieur. Elément par élément, son corps a fait quelque chose d'opposé (en termes d'espace, de temps et de force) à ce qu'il faisait auparavant ; il l'a répété encore et encore pour apprendre ce type de mouvement et que lui aussi puisse devenir une habitude.

Le résultat a été le suivant. Ce 4 tournée vers soi, effrayée de ne pas être comprise, de ne pas se comprendre était devenue plus orientée vers l'extérieur, avec la capacité de voir objectivement qu'elle avait une identité et qu'elle existait. Ayant accédé à cet état plus paisible à l'aide d'un exercice physique, il lui était devenu possible de choisir de vivre cet état à volonté en bougeant d'une façon consciente. Ce n'est peut-être pas facile au début, mais, comme toutes les habitudes, avec de la répétition cela devient aisé.

Sortie du désespoir, elle est capable à nouveau d'être équilibrée, d'accepter les joies et les peines de sa vie, des autres et du monde sans être distraites émotionnellement par elles. Ce sens de l'harmonie crée une paix intérieure profonde, un des dons du 4.

Par les méthodes d'EnneaMotion^SM, nous pouvons aussi explorer kinesthésiquement le langage corporel et les mouvements des divers types de l'Ennéagramme. Ainsi, nous sommes plus capables d'accéder à leurs qualités supérieures. Pour connaître la lumière, nous devons aussi avoir vécu l'obscurité.

© Andrea Isaacs, 1999.
Cet article est extrait du numéro de Juillet/Août 1999 d'Enneagram Monthly.