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Grenouilles, chemins neuronaux et EnneaMotion
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Je ne pourrais jamais l'oublier. Je n'étais pourtant qu'une étudiante en danse, mais je devais participer à des cours d'initiation à la médecine, plus précisément de physiologie et d'anatomie. Parce que mon université avait une bonne école médicale, nous avions la "chance" de disposer de cadavres lors de nos cours d'anatomie. Les classes de physiologie avaient leur lot de rats, de gerbilles et de grenouilles que nous utilisions dans certaines expériences.

Sans vouloir insister sur les détails horribles, l'une des expériences les plus mémorables était l'exploration des chemins neuronaux. Les chemins neuronaux sont les canaux par lequel transite l'information échangée entre le corps et le cerveau. Un chemin neuronal commence avec un message, une pensée ou une impulsion émanant du cerveau. Le message voyage le long des nerfs. Les nerfs communiquent le message au groupe approprié de muscles qui engagent alors le corps dans l'action désirée. Les messages peuvent aussi circuler le long des chemins neuronaux dans la direction opposée. Une sensation physique, comme par exemple toucher une poêle chaude, peut être le début d'une série de messages. Les muscles stimulent les nerfs et ceux-ci font parvenir le message au cerveau, en l'occurrence "douleur". Le cerveau renvoie immédiatement un message à la main pour la retirer de la poêle. Cette série de messages est communiquée de façon si fluide, si rapide et inconsciente que nous ne réalisons pas qu'elle a lieu.

Les premiers chemins neuronaux que nous développons ont probablement leur origine dans le corps. Quand nous devenons plus matures et que nos capacités mentales se développent, nous expérimentons divers chemins neuronaux ayant leur origine dans le cerveau. Ils ne sont pas aussi automatiques et doivent être appris, pratiqués et répétés avant de devenir fluides et efficaces.

Quand nous étions enfants, nous étions incapables de saisir facilement une tasse. Le plus souvent, nous avons commencé à nous entraîner avec une bouteille, en la tenant à la fois avec les bras et avec les pieds et il a fallu des années avant que nous puissions faire ce simple geste correctement. En grandissant, il est devenu une réponse automatique : nous nous sentons assoiffés, nous saisissons une tasse, la portons à notre bouche, buvons sans rien renverser et reposons la tasse. Nous avons oublié à quel point notre apprentissage a été long et comique. Nous pratiquons des milliers d'autres gestes aussi spontanément et immédiatement au cours d'une journée en mettant en œuvre un nombre incalculable de nerfs et de muscles pour exécuter les messages provenant de notre cerveau.

Revenons au laboratoire. Quand nous travaillions avec des grenouilles, nous devions pincer leurs pattes de différentes façons pour découvrir si, quand et comment elles réagissaient. Nous découvrions que les réactions avaient lieu dans les deux directions le long des chemins neuronaux. Si nous pincions leurs pattes, elles les retiraient ; quand nous activions les centres de la douleur dans le cerveau, leurs corps se rétractaient d'une certaine manière. Bien que ses expériences étaient difficiles à vivre émotionnellement et que certains groupes de défense des droits des animaux auraient beaucoup à dire à ce propos, la démonstration était indiscutable.

Il y a des chemins neuronaux partout dans le corps. Les messages vont et viennent le long de ces chemins et cela dans les deux directions.

Plus tard dans ma vie, j'ai réalisé que nous passions des années à perfectionner la manière dont notre cerveau envoyait les messages destinés à amener notre corps à se comporter d'une certaine manière, mais que nous consacrions beaucoup moins de temps à développer notre capacité à entendre les messages qui venaient de notre corps. Avec le temps, à force d'être inutilisé, l'intelligence du corps s'atrophie.

Une des idées qui sous-tend EnneaMotion est que nos états mentaux influencent nos actions physiques autant que nos actions physiques influencent nos pensées et nos humeurs. Par exemple, existe-t-il un équivalent physique de la confiance en soi ? Imaginons-nous en train de bouger d'une manière directe, avec une force particulière, de façon décidée et non hésitante. Après avoir bougé ainsi pendant quelque temps, nous aurions généré, activé et développé le chemin neuronal qui transmet le sentiment de confiance en soi et nous commencerions à la ressentir. L'exercice pourrait être conclu avec une position qui résume ce sentiment de confiance en soi, par exemple les pieds fermement plantés sur le sol, les muscles abdominaux activés de façon à sentir une force dans le ventre, les bras volontairement joints dans le dos et la perception du corps tout entier comme une seule unité dynamique. Si nous pratiquons et tenons notre posture de confiance en soi, notre chemin neuronal est exercé et nous pouvons prendre cette posture physique de confiance en soi quand le besoin s'en fait sentir. Le message provoqué par cette posture parcourt le chemin neuronal créé précédemment et un sentiment de confiance surgit. Cette confiance n'est pas seulement présente physiquement ; elle est aussi ressentie intellectuellement et émotionnellement.

Plus nous développons et écoutons l'intelligence de notre corps, plus nous sommes équilibrés et plus il nous devient facile de répondre aux situations de la vie avec l'action appropriée.

© Andrea Isaacs, 1998.
Cet article est extrait du numéro de Juillet/Août 1998 d'Enneagram Monthly.

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